Si
l’on en croit les historiens de la province, Jacques de Guyse, Broudehoux, etc
… l’ancien Condé, celui antérieur même à la conquête romaine, le Vieux-Condé
pour mieux dire, était situé à quelque distance de l’emplacement occupé par la
ville actuelle. Le duc de Croy, c’est lui qui nous l’apprend, se range à cette
opinion : il en donne comme preuve, la découverte faite en 1776, au cours
de travaux effectués pour le canal du jard, de massives murailles recouvertes
d’une couche épaisse de vase et de terre. C’est donc au lent enlisement des
eaux, à la protection militaire de la forteresse romaine et à la protection
spirituelle exercée par la fondation de la première chapelle de Condé au VIIe
siècle, que l’on doit attribuer et la disparition de la ville primitive et la
création de la nouvelle.
Vers
l’an 633, l’Ecossais saint Wasnon vint prêcher le catholicisme en Hainaut, et
établit son oratoire à Condé où il mourut en odeur de sainteté en 677. Il est
honoré le 1 octobre.
Gérard
comte de Bourgogne duc de Brabant fit dresser l’église de Notre Dame de Condé.
Quelques temps après, ce monastère fut converti en un collège de chanoines
séculiers par Arnould frère de Bauduin II comte de Hainaut, environ l’an 1085.
Dès 1137, il y avait un prévôt et des chanoines à Condé.
Le
14 octobre 1431, un incendie violent détruisit Condé : quatorze maisons
seulement échappèrent à la destruction.
Le
25 novembre 1580, les troupes du prince d’Orange venues de Tournai, pillèrent
et saccagèrent la ville et ses églises. L’approche des troupes du marquis de
Renty décidèrent les pillards à se retirer.
Louis
XIV en personne investit la ville le vendredi 17 avril 1676 avec 50.000 hommes.
Accompagné de Louvois, il avait son quartier général à Hergnies. La tranchée
fut ouverte le 23, quarante pièces étaient en batterie, l’attaque eut lieu de
trois côtés différents sous la direction de Vauban. Condé ouvrit ses portes le
26 avril et fit définitivement retour à la France en 1678 par le traité de
Nimègue.
A l’époque de la Révolution, Condé et ses environs
furent le centre de nombreux combats. Malgré une résistance héroïque, les
Autrichiens y entrèrent le 10 juillet 1793, mais le général Schérer à la tête
des troupes françaises la leur reprit le 30 août 1794.
La
ville, terre et seigneurie de Condé, formait l’une des baronnies les plus
anciennes du Hainaut, firent d’abord partie du « Pagus
Bracbatensis ». Puis cette baronnie passa tout entière à la province de
Hainaut et fut rattachée à la châtellenie d’Ath ; ensuite à l’intendance
de Flandre, puis de Valenciennes, lors de sa réunion de la France en 1678.
L’Hôtel de Bailleul est une demeure fortifiée de
style féodal dont subsiste encore de nos jours un vaste corps de logis flanqué
de quatre tours à toiture en poivrière. Son constructeur Jean de la Hamaide l’a
bâti en 1411. Loyal vassal de Charles VI, il a péri quatre ans plus tard à
Azincourt, en chargeant les Anglais, dit la chronique, à la tête de 3000
lanciers.
Echu à la famille de Roghendorf, puis placé sous
séquestre par Charles Quint, le château fut racheté en 1559 par la comtesse
Charles de Lalaing née Montmorency et fut transmis par héritage à sa
petite-fille Jeanne de Lalaing. Il entra dans le patrimoine des Croy par le
mariage de Jeanne de Lalaing avec Jean de Croy.
- Comptes des collecteurs des impositions pour les
hameaux de la banlieue de Condé, Saint-Rieu de Condé, Mont de Péruwelz,
Bérodis, Courbois, Macou. 1693-1707. CC.50 (liasse) – 3 cahiers de 28, 27 et 30
feuillets, papier
- Comptes de la massarderie. Pour les vins d’honneur
présentés à Monseigneur le prince de Soubise et à Madame la princesse, son
épouse, à leur première entrée en cette ville le 5e de juillet 1752.
CC.129 (liasse) – 1 cahier de 95 feuillets, papier
- Causes portées devant l’intendant ou ses délégués.
1767-1778. Difficultés entre le Magistrat de Condé prenant fait et cause pour
le rieu de Condé, contre les habitants du village d’Hergnies à propos de la
procession du marais des « Bruyères ». FF.7 (liasse) – 90 pièces,
papier. Curieux dossier
- Actes passés devant les
échevins de Condé. 1620. Constitution d’une rente de trente sept livres dix
solz tourn. fait par Jean le Louchier au profit de maître Michel Olivier.
FF.109 (liasse) – 91 pièces, parchemin
- Dossier de recherches
généalogiques sur la famille de Benoit. Série II. Documents divers. 1787-1789
Condé possédait des serments divisés en trois groupes
distincts : les archers, les arbalétriers et les canonniers. Ils furent
créés par lettre du 22 février 1450, grâce au comte de Porcean, seigneur de Croy
et de la Hamaide. St-Laurent était le patron des serments. En 1627 les archers
et les arbalétriers furent supprimés par le seigneur et le magistrat, à cause
de leurs désordres.
Le premier chemin à travers bois qui menait à Bonsecours,
pèlerinage renommé, dont la chapelle fut fondée en 1603, date de la première
moitié du XVIIe siècle. Cela engagea Philippe Ambroise de Croy, dit le Boiteux,
qui, à partir de 1641 fit de Péruwelz sa résidence d’été, à créer à ses frais
vers 1650 le beau chemin qui mène à cette chapelle et qui facilitait les
communications avec Leuze. Le « pavé » de Condé à Valenciennes fut
fait en 1733.
On avait dans toute la contrée une grande dévotion à
N.-D. de Hall. Trois frères, srs de la Hamaide, édifièrent une chapelle de ce
nom ou de la Trinité et la dotèrent richement (28 novembre 1385). Elle fut
abattue et démolie vers l’an 1430 ; mais les confrères de N.-D. de Hall,
la réédifièrent avec magnificence.
La reconstruction de l’église St-Wasnon, qui tombait en
ruines, fut principalement de 1751 à 1755, l’œuvre du prince de Croy et de son
équipe.
Le 19 novembre 1757, au château de l’Hermitage, est signé
l’acte de naissance de la Compagnie d’Anzin, entre le marquis de Cernay à
Raismes, le vicomte Desandrouin à Fresnes, Pierre Taffin à Vieux-Condé, Pierre
Mathieu à Anzin et le prince de Croy. A la mort du prince, la Cie d’Anzin
exploitera plus de 30 puits, fera vivre plus de 3000 ouvriers, et sera la
première industrie du bassin de l’Escaut.
Le 26 novembre 1776, sous la présidence de l’intendant
Sénac de Meilhan, a lieu la cérémonie de l’inauguration du fameux canal de
dessèchement de Condé à la Boucaulde, entamé le 16 mai 1773 et terminé sous la
surveillance quasi journalière du duc de Croy.
1777 verra, grâce à la
ténacité et à l’expérience scientifique du duc de Croy, compléter le
« grand projet » d’assèchement conçu en 1770 par le savant ingénieur
Laurent. Le canal de dérivation du trop plein de l’Escaut dans un prolongement
du canal du jard permet désormais d’éviter les désastreuses inondations qui
sévissaient dans les faubourgs ouest et nord de Condé. Le célèbre Laurent étant
décédé en 1773, le duc de Croy compléta ses plans en parfait hydrographe par
d’incessantes recherches et vérifications personnelles, pour prolonger le jard,
ou « rieu de Condé », vers Château-l’Abbaye, jusqu’à la Boucaulde.
Malgré les railleurs et les sceptiques, l’ouvrage, appuyé par Taboureau
Intendant de Valenciennes devenu Contrôleur Général des Finances, sera une
éclatante réussite. « L’eau ne refluerait plus jamais, constate le
duc, et nous sauvâmes de plus de quatre pieds nos prairies, nos caves, les
terres labourables, les chemins bas etc … Il n’y avait plus
d’incrédules ! »
Le 12 mai 1773 le duc de
Croy obtint de son ami Taboureau, Intendant du Hainaut, une subvention de
25.000 francs pour le fameux canal de dessèchement.
En juillet 1775 Condorcet, secrétaire de l’Académie des
Sciences, arrive à Condé escorté d’une commission de savants pour discuter avec
Emmanuel de Croy, de la possibilité de la navigation en canal souterrain et
conduit ses visiteurs sous la voûte de Condé où passe la Haine, affluent de
l’Escaut.
Le 2 juillet M. le Prince de Soubise et Mme
arriverent a vallencienne j’y fut diner le 3 chez M. de Lucé qui le receu
grandement. Le 4 mes tentes arriverent et je fut a reme ou il y eu un diné
soupé.
Le 5 juillet M. le Pce de Soubise arriva
a Condé. Le 5 juillet ayant encor donné un coup deuil a tout jallé a cheval
joindre M. le Pce de Soubise que jatteignit au pont décaupont ou il
avoit passé nous remontames le pavé pour voir le Regiment de cavallerie de
Chabrillant qui maneuvra devant luy, de la je le ramené a fresnes dont la
communauté estoient sou les armes nous passames le pont de lescaut pour reconnoistre
la prerie et le chemain qui n’est praticable quapres la moison et recolte des
foins quand il fait sec et pendant un mois, de la je le mené a la machine a feu
que je luy expliqué. M. de Chavil l’attendoit a la 1ere redoutte les
canonniers estoient au pont de la chaussé, nous primes sur le glacis a droite
et je le mené a la pointe contre lentré de lescaut dans les ouvrages, on voioit
bien de la que lon pouroit se servire du fossé de ce front pour le reversoir en
question de lescaut de la toujour sur le glacis il fit le tour de la place en
dehors que M. de Chaville et moy luy explicames ne trouvant que le demie
bastion droit de fresnes de fort faible il passa sur un pont de bateau que lon
avoit bien fait au bas escaut ainsi quun a lecluse du canal du jar et parcouru
le front de tournay jusqua la redoute de macour don on voyoit tout. A une heur
il entra par la porte de tournay ou M. de Vilar le vint recevoir et on luy
rendit les honneurs de gouverneur de la province lieutenant général emploié
cest a dire les troupes en haye fusil sur lepaule les drapeau et officier
saluant et les tambour rapellant il arriva ainsi chez moy ou il salua mes
tentes et Melle de Mastaing ensuitte il alla chez luy recevoir les
harengues du magistrats chanoinnes et tout les corps etc ensuite il vint manger
un morceaux il y avoit a diné pour les dames, tout de suitte il alla par mon
jardin a lhopital quil examina qui estoit fort bon et de la a larcenal ou lon
examina tout et la chapelle St ternelle ensuitte nous allames au magasin a podre
qui n’est que trop pres de chez moy ou nous entrames ensuitte nous allames
voire ma nouvelle paroisse que Mr de Soubise et M. de Sechelle
approverent de la il monta en carosse et fut en la porte de tournay voire
maneuvrer le Regiment de Bourbon qui estoit un des mieu exercé de France sur
tout pour la marche et lattention ou il ne se doit que peu au prussien ce qui
faisoit bien voire que le Roy n’avoit qua vouloir et y tenir la main. Il alla
ensuite faire le tour de la place en dedans avec M. de Chavil et je le quité
pour venire chez moy recevoire Madame de Soubise qui arriva a 7 h. elle
dessendis a son appartement ou elle receu tous les compliments pendant une heur
Mmes de Lucé et St Maurice vinrent en meme temps et elle
amena un Mr Daminzague qui estoit galiar. M. Daubert procureur
general du parlement de douay celuy qui a fait les remontrances du vingtieme
vient aussi ce jour la ce qui acheva de remplir exactement ma maison ;
cestoit ce que je desirois voulant voire tout ce que l’on pouroit y tenir et
tout le partis que jen pouroit tirer ce qui m’amusa beaucoup, nous y logames 21
maitre tous en appartements ou chambre separé et suffisament garny et etoffé,
il ny avoit que 8 ans avant que Mr Cordier y eut ajouté 3
appartement et moy 3 ans que j’y en avoit ajouté 10 quil ny auroit lieu que de
quoy y loger 8 maitres au plus et presque point de domestiques et en les
contant nous y couchames 86 personnes ; tout le tracas que cela causa la
foule et les compliments loin de m’enbarasser m’amusoit beaucoup, j’expediois
les compliments je pousois et rengois tous le monde lestement, de sorte quil ny
eu nul embaras ny confusion. Appres les harangues Mme de Soubise fit
un tour de jardin pendant que Mr s’habilioit. A 8 h ½ tout le monde
se rassembla dans lappartement de ma mere je fis jouer les dames dans le
cabinet pour avoir plus de place a 9 h. on se mit a table il y en avoit 2 de 20
couvert dans la salle a mangé qui estoit la 1ere nous y fumes 17
pour estre a laise et 17 dans celle de lentichambre de ma mere, les 2 tables
furent egal et bien servi mais trop fort ce qui fit que cela trena un peu il y
eut 4 services sans le dessert de 25 plats chaque. Le soupé fut assé gué Mr
Daminzague egeyant Mme la Pesse de Soubise elle ne fit
que rire tout le souper elle qui estoit quelque fois si serieuse et le vin de
campagne egeya aussi, le Pce de Soubise en buvoit beaucoup et a un
temperamens de fer, je permis a tout le peuple dentrer ce qui leur faisoit gd
plaisir de sorte quavec les beyeux il y eu plus de 130 personnes a la fois dans
la salle a mangé qui nest pas trop grande mais je metois servi des galleries ou
garde robe deriere pour les bufets et avec l’ordre quil y avoit on ne fut pas
gené. Pendant ce temps l’illumination fut allumée, en metant le dessert on
voulu l’aller voire et on l’aprouva /…/
Vers minuit on sortit de table l’on fut faire encor
le tour du jardin qui estoit tout de feu et cela avec les partis mena jusqua 3
heures. a la pointe du jour Mme de Soubise fut encore au jardin de
sorte que l’on ne se coucha quau grand jour. pendant ce temp il y avoit de
grandes tables garnie partout pour la suitte celle des femmes de chambres a la
chambre ditte du billiar, une grande dans lorrengerie qui estoit blanchy et
arrangé expres et plusieurs autres de sorte quen tout il soupa 211 personnes
qui en eurent leurs sou et plusieur bien pardela, on dansa jusqua 4 h que l’on
fit retirer le monde et je donné un coup deuille pour le feu et le bon ordre
qui fut au mieu malgré bien des gens yvres. Et tout le monde parut content.
Le
6 juillet des la pointe du jour mes gens qui ne setoient pas couché chargerent
plusieurs chariots pour aller preparer le diné a lhermitage. A 9 H Mr le Pce de Soubise recommenca sa
tourné nous fumes d’abord par mon jardins aux equries de la cavallerie voire le
manege que M. de Laffare major de Chabrillant fort zelé avoit fait faire et ou
il avoit exercé tout [… ?] l’hiver, il nous fit voire son arrangement qui estoit de
faire monter tous les jours le piquet au mange comme a laccademie cela estoit
fort bien pour placer et de nouer le cavalier. Ensuitte ils firent le nouveau
maniment des armes a pié assé dans le gout de celuy que j’avois donné dans mon
memoire. De la M. de Soubise alla sur la place voire monter la garde nous fumes
enchanté de lexactitude du Régiment de Bourbon et en tout M. le Pce
de Soubise trouva Condé tant pour sa garnison que sa fortification et tout le
reste une des mieu de son gouvernement. A onze heur il reveint chez moy monter
en vourste avec Mr de Cernay de Lucé Devaux et moy et il partit de
Condé je le mené dabort par le chemin de Tournay au mont de Copiemont ou il vit
le moulin de Bruil ou il avoit esté ainsi il repris sa tourné je luy fis
remarquer la verne qui separoit de sa terre de Viher fesoit les limittes du
Royaume de la par la nouvelle route et tout le long du mont des Beaumont nous
veimes a mon cirq ou il mit pied a terre pour voir le rond et le haut de mon
parc de la nous dessendimes a pervelz nous entrames par le jardins et ayant
remarqué le château les canaux la fontaine et le beau chenil nous remontames en
vourste traversames la belle place de pervelz et fument droit monter sur le
mont de roucou dou je luy fis remarquer le pays la fuitte des ennemis appres
fontenois le camp du Mal de Saxe allant a tournay de la nous revismes
par le tordoir a la chapelle de Bonsecour ou il entra et par le beau pavé et
mes routes nous arrivames a 2 h a lhermitage en meme temps que touttes les
dames qui appres avoir dormis la grace matiné venoient dy arriver en 2 caleche.
Nous fumes a lhermitage les meme dames que la veille
a Condé et les memes personnes principalles en tout 19 a 3 h. on se mit a diner
qui fut bon et de suitte a 4 h. Mr le Pce de Ligne et M
Levesque de tournay arrivent comme on estoit au dessert. Le gd vent
fit que lon ne put guerre ce promener et jouire de ce jolie sejour on resta
assé resseré a 5 h. Mr le Pce de Soubise partit a cheval,
il alla par lallé de St Calix et le chemain que javois fait pratiquer par la
cense et les preries de martinet tout a moy a la digue de la Haine dou ils
allerent voire la canardiere et de la a Crepin ou ils coucherent. pour moy je
resté a me promener avec le Pce de Ligne et a luy tout montrer il
paru approver mes project a 6 h. tout le monde partis nous restames a tout
plier avec Mme de Maubeuge a 8 h. nous fumes coucher a Condé et tout
renger.
Le 7 juillet a 8 h. du matin je partis dans ma
chaise et fut bon train a Kevrain ou je monté a cheval et je fut par la chaussé
Brunaux et de grands ravins a bavay une demie lieu en deca je pris a gauche et
vins droit a tenier ou je trouvé M. de Soubise de Lucé de Vaux St Maurice et la
suitte avec 2 colonel a rafrechire, a une lieux nous montames a cheval et
parcourumes jusqua la nuit la bataille de malplaquet /…/